Il croit plus au travail qu'à l'inspiration. Très
habité pas l'angoisse.
Il nie une dimension spirituelle que par ailleurs ses
films apportent, mettent en relief.
Ses films mettent en évidence notre sous-conscient en
action. En quelques plans, de façon très économique, convaincante. Par
exemple, dans "Scènes de la vie conjugale" ou "cris et
chuchotements" c'est bien vu, et on peut y reconnaître nos attitudes
!
Cela fait-il aimer les personnages ? Oui, il a de la
tendresse pour eux … tout en ne les ratant pas dans leurs (nos ?)
travers. Chaque personnage existe, a une consistance, a sa chance dans
le film.
Pourquoi cette thèse est-elle intéressante ?
Notamment parce qu'elle souligne une dimension "reprise de soi"
motivante de l'œuvre de Bergman (qui renvoie à la "philosophie
kirkegaardienne") : par rapport à une situation qui se
reproduirait, faire mieux que la fois d'avant.
En quoi les films de Bergman me font du bien ?
En quoi ces films m'ancrent ?
Je ne sais pas bien y répondre. Une idée : cela me
conforte dans ce que je pressens. Ils donnent beaucoup d'éléments
pouvant constituer des points de repère, autour des questions de "point
de vue", de "regard porté" sur soi, sur les autres. Ils me questionnent
dans ma vie, mes engagements, mon sous-conscient à l'œuvre …
Avec le risque de flatter ce que je suis, de me faire
évoluer dans un monde artificiel qui m'attire. Un accès au symbolique,
qui alimente mon goût de la contemplation, la quête d'un monde idéal.
Un souvenir cinématographique marquant …: le premier
plan du "7ème sceau".
Voir ce plan, c'est se représenter la famille qu'on
se crée, qu'on a choisi. (La mienne !)
Un lever de soleil vu d'une plage, au bord de la mer,
et qui me fait penser aux vers de Rimbaud :
Elle est retrouvée.
Quoi ? L'éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Le 2ème plan : dans le ciel : un faucon
crécerelle en train de faire "le saint-esprit" (du vol sur place) avec
ses ailes battantes, comme pour dire une présence de l'esprit parmi les
humains.
*
A propos de quête d'une ambiance idéale, autre
auteur, autre scène marquante : dans "l'argent de poche" de F.
Truffaut. Une ribambelle d'enfants dévale des escaliers : cela me dit le
bonheur de vivre. Le cinéaste nous propose son regard enjoué sur le
monde … à nous aussi de voir le beau ?
*
Vivre à travers les films, voir dans le cinéma une
échappatoire à la "vraie vie" : c'est un risque. Un enjeu de reprise
spirituelle est déjà de chercher à en être le moins dupe possible !
Pour prendre connaissance du contenu de cette thèse
A partir de l'évocation par Denis du livre de
Betty Schimmel "jamais je ne t'oublierai":
Une occasion de s'interroger sur
le sens de nos choix ?
Quelques mots
de ce que dit ce livre ?
Il invite à accepter ce que l'on a choisi. Mieux
: à aimer ce que l'on a choisi.
Betty a épousé Otto sans savoir si R. son "amour
de jeunesse" – juif comme elle et dont elle a été séparée par la
guerre - était encore en vie. Et un jour, au hasard d'une rencontre,
elle croise de nouveau cet ancien amant … et finalement lui dit
"non".
Betty de réaliser que si elle peut aimer R comme
un amour de jeunesse, elle ne peut pas l'aimer comme un futur 2ème
mari. Réalisant aussi que tant qu'elle n'a pas fait le deuil du
mariage, de la vie conjuguée avec son ancien amant, son mariage avec
O est sans amour.
Ainsi, ce "non" à R engendre en elle une
libération physique et sexuelle. Frigide jusque là, elle est enfin
apaisée dans les bras de Otto. En plus, comme lui dit Otto : elle a
la chance de savoir vivant quelqu'un qu'elle aime. Juive d'Europe,
après guerre, ce n'était pas si courant.
Ce que m'enseigne
"jamais je ne t'oublierai" ?
Il me renvoie bien à moi, à mon propre
itinéraire, ma propre vie. Mon choix de célibat n'est pas qu'un
choix par défaut. J'ai plutôt intérêt à aimer ce choix. Croire que
c'est un réel choix.
De façon générale : ce livre est une invitation à
ne pas réviser ce qu'on a vécu. Plutôt : relire. Moins dire : "il
aurait fallu faire autrement". Ce qui se vit, ce qui s'est vécu :
cela a un sens
A partir de l'évocation par
Philippe du livre de Philippe Claudel "les âmes grises":
Une occasion de s'interroger
sur l'enjeu de sa reprise spirituelle ?
Quelques mots de ce que dit ce livre ?
Un livre sur la violence, qui me renvoie à
mon rapport à la violence. C'est une alerte !
L'histoire ne vient pas en premier, c'est
plus un climat, des attitudes qui m'ont parlé, interpellé.
Ce qui reste ? c'est la solitude de chacun !
Ce n'est pas gai, c'est fondamentalement vrai, mais ça peut
également être vu autrement ?
Impression de personnages qui d'une certaine
manière se laissent aller uniquement à ce qu'ils seraient
fibriquement ? Ne donnant pas le témoignage de croire assez à la
vie au-delà des cellules qui les constituent ?
Mais – en particulier le narrateur – c'est
aussi la trace d'une personne qui essaie de faire face sans fard
à son histoire, à lui-même, avec ses faiblesses, avec sa
condition humaine. L'écriture-même de ces lignes par le
narrateur dit une quête. Une quête mal ficelée ? Une quête quand
même. Cela me touche.
Ce que m'enseigne ce livre ?
Cela interroge par rapport à certains
contextes qui peuvent être particulièrement déprimants. Est-on
assez fort, assez motivé pour s'accrocher à ce qui serait un
mieux ? Même si l'environnement pousse à l'inverse, à gérer au
plus court terme, comment se tirer immédiatement d'affaire …
avec un prix à payer qui sera inéluctablement lourd.
Le livre m'invite donc à ne pas me complaire
dans un regard sombre sur la vie … puisqu'il me montre les
catastrophes auxquelles cela conduit.
Si on est là où on est, on doit y être – au
moins en partie – pour quelque chose, c'est aussi le fruit de
choix qui sont les nôtres.
Une invitation à se construire suffisamment
pour ne pas laisser tout foutre le camp, ne pas se mettre dans
des situations où on risque de commettre l'irréparable.
Un peu comme si j'avais besoin d'aller voir
au fond de l'eau, là où il y a la vase, pour réagir, taper un
grand coup de pied : non, ce n'est pas cela que je veux vivre,
il faut que je me reprenne !
Et merci à Philippe Claudel de me le faire vivre par
procuration, cela pourrait faire moins de dégâts en moi et
autour de moi. D'ailleurs, en finale, l'auteur dit "tout était à
reprendre
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